"Voilà qui tu es" est le titre de ma fanfiction sur Dragons. J'ai écrit cette fic parce que tout d'abord, l'écriture est une de mes passions et parce que je trouvais ça long d'attendre pour Dragons 3 ! Et puis surtout -car sachez que ça se passe comme ça avant toutes mes fics- parce que j'ai fait un rêve. En faite lorsque je rêve comme ça, je rêve d'une histoire ! x) ça me donne tous les éléments pour construire une fanfic... Bref, j'ai eu pleins d'idées et ça m'a donné envie de les coucher sur papier afin de vous les faire partager chers lecteurs ! En espérant que la fic vous plaise et s'il vous plaît ne la jugez pas au premier chapitre, il constitue vraiment une transition entre Dragons 2 et ma fic ! Voilà ! Bonne lecture !
Voici Beurk. A première vue, on dirait seulement une île comme les autres mais elle préserve quelque chose de très grand. Beurk est notre patrie, à nous, vikings. Mais c'est aussi celle des dragons qui vivent avec nous. Elle est la gardienne de la paix qui existe entre nous. Je vis ici depuis que je suis né et j'ai vu évolué ce gros rocher perdu au milieu de l'océan. C'est grâce aux dragons que la paix est possible et je me battrai pour qu'elle perdure. Car à présent, je ne suis plus qu'un simple habitant de ce village, je suis son chef. Ma mère est revenue habiter avec nous, et avec tout son savoir sur les dragons, elle nous est d'une grande aide. Maintenant, je dois veiller à la sécurité du village mais avec la menace de Drago écarté et depuis que Krokmou est devenu l'Alpha, on est plutôt tranquille. J'avoue que mes nouvelles responsabilités m'effrayaient un peu mais il fallait s'attendre à ce que ça arrive un jour. J'aurai tellement aimé que ça se passe autrement… Mais mon père m'a sauvé et s'est sacrifié pour moi. Et une partie de mon cœur s'en est allée avec lui. Un an déjà. Déjà un an que mon père n'est plus de ce monde…
On était le matin. Krokmou, ma mère et moi étions dans le foyer pour le petit déjeuner. Je buvais mon lait de yack.
– Alors ? Pas trop stressé ? me demanda ma mère avec une pointe d'humour.
– Hm… Non, non ça va… Ça peut aller, répondis-je entre deux gorgées, pas tellement convaincu de ce que je lui racontais.
– Tu sais que tu as le droit de l'être. Ton père et moi l'étions aussi. Lui plus que moi d'ailleurs ! dit-elle en riant.
– J'espère seulement que tout va bien se passer, dis-je franchement.
Je finis en vitesse ce que j'étais en train de manger et sortit, suivi de Krokmou. Je suis sûr que ma mère souriait. Il était encore très tôt et j'avais donné rendez-vous à Astrid dans les airs afin que l'on puisse se voir un peu avant. Une fois dehors, je plaçai ma jambe métallique dans le mécanisme de l'aileron manquant de mon dragon pour le faire décoller. Krokmou et moi étions à présent dans les nuages, j'adorais réellement cette sensation de liberté. Et dire que six ans auparavant, on imaginait pas un seul instant que tout ça serait possible… Un cri, celui de Tempête. Elle m'a rattrapé pensais-je. Non, Astrid m'a rejoint rectifiais-je pour moi-même.
– Où tu comptais aller comme ça ? me dit-elle dans un sourire.
– Nulle part. Je faisais seulement un petit tour en t'attendant, répondis-je en lui souriant chaleureusement.
– On fait la course ? annonça-t-elle, tout en commençant à partir à toute allure.
Elle n'avait visiblement pas envie de parler, moi non plus. Elle voulait simplement se défouler avant la longue journée qui nous attendait. J'intimai à Krokmou d'accélérer, il ne se fit pas prier et il s'activa à tenter de dépasser Astrid et Tempête.
Nous volions très vite. Trop vite. Heureusement qu'il n'existe pas de limites de vitesse sur Beurk, sinon, Astrid et moi aurions exploser tous les compteurs… Je la dépassai, elle me lança aussitôt un de ses regards noirs qui suffisent à me faire sourire. Astrid avait vraiment le sens de la compétition, ce qui rendait l'épreuve encore plus excitante à remporter. J'adorai la voir quand elle était comme ça. La détermination qui s'animait en elle à ce moment précis. C'est une des choses qui me plait énormément chez elle. Elle et moi, on se complète, elle est tout ce que je ne suis pas. Astrid est ma moitié. Je ne sais pas ce que je ferai sans elle.
– Allez Tempête ! Encore un petit effort ! On y est presque !
Astrid m'avait, encore, rattrapé. Elle était si douée… C'est finalement elle qui gagna notre petite course.
– Je suis la meilleure ! s'exclama-t-elle en descendant de son dragon vipère.
– Et oui, comme toujours ! lui fis-je remarquer.
– Te moques pas de moi. Tu sais très bien que l'on gagne autant de fois chacun !
Elle s'approcha de moi et me fila un coup dans les côtes. Depuis le temps, j'étais habitué avec Astrid et je savais exactement ce qui arrivait ensuite. Je la saisis par la taille et l'embrassai furtivement. Elle y répondit avec plus d'ardeur en intensifiant le baiser. C'était comme ça que je l'aimais : dure et douce à la fois. Nous nous retirâmes et l'on se serra dans les bras l'un de l'autre.
– Je t'aime Astrid.
Elle sourit.
– Moi aussi Harold.
– Ça va toi ? lui demandai-je.
– Oui, t'inquiètes pas pour moi ! Mais toi ? Ça va ? dit-elle avec sérieux et un soupçon d'inquiétude dans la voix.
Je me grattai la tête.
– B…Bien sûr ! répondis-je, de façon un peu trop fausse.
Elle me fixa et plissa les yeux.
– Bon… D'accord… J'angoisse un peu, c'est vrai ! lui avouai-je en la regardant droit dans les yeux.
– Harold… Ne t'inquiètes pas ! Tu sais, j'ai un peu peur moi aussi… Mais ce qui me dérange surtout, c'est que l'on va être séparés ce matin alors que c'est notre mariage !
– On ne sera pas séparés beaucoup de temps, ne t'en fais pas. C'est juste… Tout ça… J'aimerai que cette journée soit différente… Que l'on puisse partir à dos de dragons après la cérémonie par exemple !
Astrid éclata de rire, elle se pencha vers moi et me fit tomber à la renverse. Elle était si imprévisible parfois… et j'adorai ça. Elle était à présent sur moi. Elle rit de plus belle puis se laissa tomber sur mon torse. Elle releva la tête et m'embrassa. Je ne pus m'empêcher de sourire.
– Sérieusement Harold, reprit-elle, on ne peut pas faire ça… Le village compte sur nous et puis, tu es le chef !
– Je sais tout ça… Mais ce serait tellement bien, seuls tous les deux… Et puis j'ai l'impression que mon meilleur ami n'assistera pas à un des plus beaux moments de ma vie !
– Arrêtes Harold ! me cria-t-elle presque. Tu sais aussi bien que moi que ce serait ingérable de laisser les dragons participer à la cérémonie ! Enfin Harold, tu crois pas que t'exagères un peu ?
– Oui… Tu as raison… Je crois que je me laisse un peu submerger par le stress…
– On appréhende c'est normal... Après tout, ça peut peut-être s'arranger cette histoire de vol… dit-elle tout en souriant.
Nous nous sourîmes longtemps comme ça. Elle se pencha en avant et vint y trouver mes lèvres une nouvelle fois. Je la pris dans mes bras et l'enlaçai tendrement.
On y était. L'heure arrivait et je n'étais pas avec Harold. Vêtue d'une longue tunique blanche, je ne me sentais pas trop à l'aise… Je préférais largement mes épaulettes en métal et ma jupe à pointes, ma hache aussi me manquait… Je me sentais si légère, trop légère. J'étais prisonnière de cette robe. Valka et ma mère s'activaient à l'élaboration de ma coiffure. J'avais les cheveux libres et une couronne en argent y prenait place au fur et à mesure que ma mère et celle d'Harold tressaient ma chevelure avec. Je devais le reconnaître, le résultat final était très réussi.
– On dirait Freyja en personne ! s'exclama Valka.
– Tu es très belle Astrid, me dit ma mère en se tournant vers moi, sourire aux lèvres, visiblement fière de son travail.
– Merci beaucoup, leur répondis-je dans un ton que je voulais reconnaissant.
J'accompagnai mes remerciements d'une accolade affectueuse, pour les rassurer et me rassurer. J'entendis ma mère me chuchoter à l'oreille : « Je suis très heureuse pour toi Astrid. »
L'excitation prenait peu à peu le dessus sur moi. J'allais devenir la femme d'Harold. Harold et moi, ensemble. Pour la vie. Quand on a dû se quitter toute à l'heure, je n'avais qu'une seule pensée : rester. Rester avec lui, avec les dragons, dans la nature. Libres et blottis l'un contre l'autre. J'aurai aimé que le temps s'arrête à ce moment-là. Mais j'allais bientôt rejoindre Harold.
Seul dans ma propre maison, je m'ennuyais un peu. J'avais laissé Krokmou avec les autres dragons qu'on avait mis à l'écart en ce jour très spécial. Je ne pus m'empêcher de penser à ce qu'aurait été cette journée si mon père était encore là aujourd'hui. M'aurait-il rassuré ? Même s'il m'avait angoissé encore plus que je ne l'étais déjà, j'aurais voulu qu'il soit présent. J'entendis la porte grincer, Rustik et Varek en sortirent.
– Ça va comme tu veux ? demanda Rustik en souriant.
– Ça peut aller…
– Tu as ressorti l'épée de ton père ? me dit Varek en m'interrogeant du regard.
– Non. Pas encore, j'allais la chercher justement…
– Tu sais que tu en auras besoin pour la cérémonie, tout à l'heure.
– Oui Varek, je suis au courant !
– T'as l'air contrarié, je me trompe ? questionna Rustik.
Il avait deviné mon trouble, ce qui, je l'avoue, m'étonnait un peu de la part de Rustik. Mais je n'allais pas m'apitoyer sur mon sort. J'étais tout de même un viking, et même si la perspective de ne pas voir mon père à mon mariage me faisait de la peine, je me devais de garder la tête haute.
– Mon père me manque, c'est tout. me contentais-je de répondre.
Je les quittai et me dirigeai vers la chambre qui jadis, avait été occupée par mon père. C'est comme s'il était encore là. Même si c'était ma mère qui dormait là à présent, on aurait bien dit qu'un couple occupait encore la chambre. J'avais laissé ses affaires telles quelles en y ajoutant quelques uns de ses effets personnels, comme son épée. Je la retirai délicatement de son socle et la tendis devant moi avec mes deux mains. Elle était lourde. Je la contemplai, elle était magnifique, forgée dans un fer pur et très robuste. Une larme coula sur ma joue, Papa. Je l'essuyai du revers de mon bras et rejoignis Varek et Rustik près du foyer.
– Je suis prêt.
L'endroit choisi pour la cérémonie était magnifique, c'était en pleine air et la forêt entourait ce petit coin de nature. J'étais aux bras de mon père en attendant l'arrivée d'Harold qui, je trouve, était un peu trop long à mon goût. Je laissai s'échapper des soupirs de temps à autre, j'étais impatiente.
Et il arriva enfin, vêtu de la fourrure que Stoïk portait, en tant que Chef. Il était très beau. Cet homme grand et fort que j'allais épouser, mon Harold. Il me sourit et je lui souris également. Mon père m'offrit son épée et je m'inclinai pour la recevoir. Puis je me relevai et Harold me prit la main. Nous avancions donc main dans la main, dans l'allée créée par les villageois qui nous aspergeaient de brindilles de sapin pour que les dieux nous protègent. Une fois arrivés près de Gothi qui se tenait devant toute l'assemblée, nous nous inclinâmes devant elle pour recevoir la bénédiction des dieux. Elle dessina sur nos fronts le symbole du marteau de Thor. Puis nous nous tournâmes l'un en face de l'autre, lui et moi. Nous brandîmes en même temps nos épées respectives et nous procédions à l'échange de celles-ci. Je saisis l'épée qu'Harold venait de me céder, celle de Stoïk.
Astrid était sublime, je ne l'avais jamais vu en robe auparavant, ni les cheveux détachés d'ailleurs. Et ça lui allait très bien. Le blanc de sa tunique mettait ses beaux yeux bleus en valeur. Elle était parfaite. Ma future femme était parfaite. Nous sortîmes nos anneaux simultanément et les posèrent sur nos nouvelles épées. Je lui passai l'anneau à son annulaire gauche, les mains tremblantes. J'avais beau me répéter que ce n'était qu'Astrid, que tout allait bien, j'étais nerveux. C'est elle qui me passa ensuite l'anneau, elle rougit. Je lui souris pour la rassurer et elle me sourit à son tour. Enfin, nous entrelacions nos doigts, les mains jointes, au-dessus de nos épées.
– Astrid, je jure de t'aimer et de te protéger quoiqu'il advienne de nous.
– Harold, même si je n'ai pas de besoin d'être protégée… proclama-t-elle, je jure de t'aimer et de t'assister du mieux que je peux dans ta fonction de chef.
– Je t'aime. Souris-je
– Je t'aime aussi Harold.
Elle sauta dans mes bras et nous nous embrassâmes, longuement, passionnément, divinement.
Ce baiser était encore plus fort que nos mots, il traduisait parfaitement les sentiments que nous éprouvions l'un pour l'autre. Ça y est, nous étions mariés.
Une tradition perdurait sur Berk depuis de très longues décennies, elle consistait en une sorte de course contre la montre pour désigner les plus forts. J'avais mon équipe composée des jumeaux et moi-même, et Harold la sienne avec Varek et Rustik. L'équipe perdante devrait servir à boire aux autres toute la nuit durant. Mais cette année, la course allait être différente car cette fois, nous avions nos dragons. J'appelais Tempête en imitant le cri bien distinct des dragons vipères, tous les autres firent de même avec leur dragon.
– Les premiers arrivés au Grand Hall ! m'exclamais-je.
Harold m'adressa un sourire en coin avant de se positionner sur Krokmou et décoller. Je partis à toute vitesse.
Astrid volait très vite mais je ne mis pas longtemps à la rattraper. Elle fronça les sourcils et se mit tout à coup à tirer sur sa robe. Elle l'hotta complètement et, à ma grande surprise, elle était vêtue d'un haut et d'un pantalon en-dessous. Je reconnaissais bien là la femme que je venais à peine d'épouser, étonnante, à son habitude. Je me fis bientôt devancé, à croire qu'elle l'avait fait exprès. Rustik et Varek devraient assurer le service ce soir…
Je descendis de Krokmou et lui caressai affectueusement la tête avant de me précipiter vers la porte du Grand Hall, d'où se tenait Astrid. Il était de coutume que le mari accompagne sa femme à l'intérieur de la pièce. Je lui pris la main et m'inclinai :
– Si madame veut bien se donner la peine d'entrer… dis-je d'un ton très soutenu.
Elle m'adressa un coup sur la tête en me soufflant « idiot » dans les oreilles mais se laissa faire et avança. Lorsque nous pénétrâmes dans le Grand Hall, tout le monde applaudissait et criait nos noms, des acclamations à la viking quoi. Nous fûmes bientôt devant toute l'assemblée et ma mère arriva rapidement vers nous, la fameuse coupe d'hydromel entre les mains, pour nous le faire boire. Elle la brandit fièrement au-dessus de nous et nous nous inclinâmes une nouvelle fois. Elle nous transmit le récipient et nous le bûmes tour à tour. Ceci étant fait, le banquet pouvait commencer.
Finalement, la fête fut plutôt très agréable. Des luttes avaient été organisées et Rustik et Varek y participaient pour impressionner Kognedur qui, pourtant, était toujours sur Eret… Mais moi et Astrid dansions. Nous dansions à en perdre la tête à force de tourner sans cesse mais nous adorions ça, l'ambiance était vraiment super. La musique aussi sauf quand Gueulfor chantait, ça c'était pas top, mais il nous faisait bien rire. Il dansait avec ma mère. Elle était heureuse pour moi, comblée, même si mon père lui manquait terriblement. Nous continuions de danser, bien que ma fausse jambe fasse quelque fois des siennes et que je manquais de trébucher à chaque pas, nous continuions. Jusqu'à ce que Gueulfor m'interpelle d'un clin d'œil, je le rejoignis.
– Ah ! Gueulfor ! Alors, ça va ? Tu t'amuses bien ? dis-je un peu nerveusement, redoutant sa réponse.
– Bien, bien, dit-il ironiquement. Mais enfin Harold ! Qu'est-ce que tu attends ?! clama-t-il.
– Je vois pas du tout de quoi tu parles…
– Oh si, tu vois très bien de quoi je parle mais tu n'oses pas agir, comme d'habitude ! Allez sortez d'ici tous les deux ! Vos dragons vous attendent dehors. répondit-il le regard tourné vers Astrid.
Il soupira.
– Merci, lui dis-je dans un sourire.
Je me dirigeai vers Astrid, courant presque, je l'agrippai par la taille et l'embrassai furtivement. J'adressai un regard entendu à Gueulfor et à ma mère, puis nous sortîmes. Krokmou et Tempête étaient effectivement là, à nous attendre, prêts à partir.
– Mais où tu m'emmènes ? me demanda Astrid.
Je souris.
– Tu verras !
Nous décollâmes. Nous étions en début de soirée et la nuit n'était pas encore tombée. C'était la fin de l'été et il faisait beau et chaud, contrairement à d'habitude. Nous arrivâmes à ce fameux endroit. C'était un coin reculé de Beurk, méconnu de tous, sauf de moi et Astrid. Je l'avais découvert par hasard avec Krokmou. Une fois Astrid m'avait suivi et m'avait trouvé là. Depuis c'était devenu une sorte de lieu secret où nous nous réfugions quand nous voulions être seuls. C'était notre endroit. Elle sourit en descendant de sa dragonne, elle était heureuse. Elle vint se blottir contre moi.
– Tu n'aurais pas pu choisir meilleur endroit…
Nous nous regardâmes, les yeux dans les yeux, à scruter la moindre parcelle de nos traits et ses lèvres vinrent bientôt se mêler aux miennes ainsi que nos langues. Nous échangeâmes un baiser langoureux. Je tenais Astrid par la taille et elle s'accrochait à ma nuque. Je sentis bientôt le désir monter en moi comme il montait en elle. Cependant, nous nous détachâmes momentanément l'un de l'autre et nous nous assîmes au bord de la falaise qui donnait pleine vue sur l'océan sans fin. L'astre du jour serait bientôt englouti sous cette immensité. Je pris la main d'Astrid et nous entremêlâmes nos doigts devant ce merveilleux coucher de soleil. Elle posa sa tête sur mon épaule.
– J'aimerai que cette journée dure toujours…
– Moi aussi Astrid, moi aussi…
Je l'embrassai sur le front.
CHAPITRE 1
Voici Beurk. A première vue, on dirait seulement une île comme les autres mais elle préserve quelque chose de très grand. Beurk est notre patrie, à nous, vikings. Mais c'est aussi celle des dragons qui vivent avec nous. Elle est la gardienne de la paix qui existe entre nous. Je vis ici depuis que je suis né et j'ai vu évolué ce gros rocher perdu au milieu de l'océan. C'est grâce aux dragons que la paix est possible et je me battrai pour qu'elle perdure. Car à présent, je ne suis plus qu'un simple habitant de ce village, je suis son chef. Ma mère est revenue habiter avec nous, et avec tout son savoir sur les dragons, elle nous est d'une grande aide. Maintenant, je dois veiller à la sécurité du village mais avec la menace de Drago écarté et depuis que Krokmou est devenu l'Alpha, on est plutôt tranquille. J'avoue que mes nouvelles responsabilités m'effrayaient un peu mais il fallait s'attendre à ce que ça arrive un jour. J'aurai tellement aimé que ça se passe autrement… Mais mon père m'a sauvé et s'est sacrifié pour moi. Et une partie de mon cœur s'en est allée avec lui. Un an déjà. Déjà un an que mon père n'est plus de ce monde…
On était le matin. Krokmou, ma mère et moi étions dans le foyer pour le petit déjeuner. Je buvais mon lait de yack.
– Alors ? Pas trop stressé ? me demanda ma mère avec une pointe d'humour.
– Hm… Non, non ça va… Ça peut aller, répondis-je entre deux gorgées, pas tellement convaincu de ce que je lui racontais.
– Tu sais que tu as le droit de l'être. Ton père et moi l'étions aussi. Lui plus que moi d'ailleurs ! dit-elle en riant.
– J'espère seulement que tout va bien se passer, dis-je franchement.
Je finis en vitesse ce que j'étais en train de manger et sortit, suivi de Krokmou. Je suis sûr que ma mère souriait. Il était encore très tôt et j'avais donné rendez-vous à Astrid dans les airs afin que l'on puisse se voir un peu avant. Une fois dehors, je plaçai ma jambe métallique dans le mécanisme de l'aileron manquant de mon dragon pour le faire décoller. Krokmou et moi étions à présent dans les nuages, j'adorais réellement cette sensation de liberté. Et dire que six ans auparavant, on imaginait pas un seul instant que tout ça serait possible… Un cri, celui de Tempête. Elle m'a rattrapé pensais-je. Non, Astrid m'a rejoint rectifiais-je pour moi-même.
– Où tu comptais aller comme ça ? me dit-elle dans un sourire.
– Nulle part. Je faisais seulement un petit tour en t'attendant, répondis-je en lui souriant chaleureusement.
– On fait la course ? annonça-t-elle, tout en commençant à partir à toute allure.
Elle n'avait visiblement pas envie de parler, moi non plus. Elle voulait simplement se défouler avant la longue journée qui nous attendait. J'intimai à Krokmou d'accélérer, il ne se fit pas prier et il s'activa à tenter de dépasser Astrid et Tempête.
Nous volions très vite. Trop vite. Heureusement qu'il n'existe pas de limites de vitesse sur Beurk, sinon, Astrid et moi aurions exploser tous les compteurs… Je la dépassai, elle me lança aussitôt un de ses regards noirs qui suffisent à me faire sourire. Astrid avait vraiment le sens de la compétition, ce qui rendait l'épreuve encore plus excitante à remporter. J'adorai la voir quand elle était comme ça. La détermination qui s'animait en elle à ce moment précis. C'est une des choses qui me plait énormément chez elle. Elle et moi, on se complète, elle est tout ce que je ne suis pas. Astrid est ma moitié. Je ne sais pas ce que je ferai sans elle.
– Allez Tempête ! Encore un petit effort ! On y est presque !
Astrid m'avait, encore, rattrapé. Elle était si douée… C'est finalement elle qui gagna notre petite course.
– Je suis la meilleure ! s'exclama-t-elle en descendant de son dragon vipère.
– Et oui, comme toujours ! lui fis-je remarquer.
– Te moques pas de moi. Tu sais très bien que l'on gagne autant de fois chacun !
Elle s'approcha de moi et me fila un coup dans les côtes. Depuis le temps, j'étais habitué avec Astrid et je savais exactement ce qui arrivait ensuite. Je la saisis par la taille et l'embrassai furtivement. Elle y répondit avec plus d'ardeur en intensifiant le baiser. C'était comme ça que je l'aimais : dure et douce à la fois. Nous nous retirâmes et l'on se serra dans les bras l'un de l'autre.
– Je t'aime Astrid.
Elle sourit.
– Moi aussi Harold.
– Ça va toi ? lui demandai-je.
– Oui, t'inquiètes pas pour moi ! Mais toi ? Ça va ? dit-elle avec sérieux et un soupçon d'inquiétude dans la voix.
Je me grattai la tête.
– B…Bien sûr ! répondis-je, de façon un peu trop fausse.
Elle me fixa et plissa les yeux.
– Bon… D'accord… J'angoisse un peu, c'est vrai ! lui avouai-je en la regardant droit dans les yeux.
– Harold… Ne t'inquiètes pas ! Tu sais, j'ai un peu peur moi aussi… Mais ce qui me dérange surtout, c'est que l'on va être séparés ce matin alors que c'est notre mariage !
– On ne sera pas séparés beaucoup de temps, ne t'en fais pas. C'est juste… Tout ça… J'aimerai que cette journée soit différente… Que l'on puisse partir à dos de dragons après la cérémonie par exemple !
Astrid éclata de rire, elle se pencha vers moi et me fit tomber à la renverse. Elle était si imprévisible parfois… et j'adorai ça. Elle était à présent sur moi. Elle rit de plus belle puis se laissa tomber sur mon torse. Elle releva la tête et m'embrassa. Je ne pus m'empêcher de sourire.
– Sérieusement Harold, reprit-elle, on ne peut pas faire ça… Le village compte sur nous et puis, tu es le chef !
– Je sais tout ça… Mais ce serait tellement bien, seuls tous les deux… Et puis j'ai l'impression que mon meilleur ami n'assistera pas à un des plus beaux moments de ma vie !
– Arrêtes Harold ! me cria-t-elle presque. Tu sais aussi bien que moi que ce serait ingérable de laisser les dragons participer à la cérémonie ! Enfin Harold, tu crois pas que t'exagères un peu ?
– Oui… Tu as raison… Je crois que je me laisse un peu submerger par le stress…
– On appréhende c'est normal... Après tout, ça peut peut-être s'arranger cette histoire de vol… dit-elle tout en souriant.
Nous nous sourîmes longtemps comme ça. Elle se pencha en avant et vint y trouver mes lèvres une nouvelle fois. Je la pris dans mes bras et l'enlaçai tendrement.
xXx
On y était. L'heure arrivait et je n'étais pas avec Harold. Vêtue d'une longue tunique blanche, je ne me sentais pas trop à l'aise… Je préférais largement mes épaulettes en métal et ma jupe à pointes, ma hache aussi me manquait… Je me sentais si légère, trop légère. J'étais prisonnière de cette robe. Valka et ma mère s'activaient à l'élaboration de ma coiffure. J'avais les cheveux libres et une couronne en argent y prenait place au fur et à mesure que ma mère et celle d'Harold tressaient ma chevelure avec. Je devais le reconnaître, le résultat final était très réussi.
– On dirait Freyja en personne ! s'exclama Valka.
– Tu es très belle Astrid, me dit ma mère en se tournant vers moi, sourire aux lèvres, visiblement fière de son travail.
– Merci beaucoup, leur répondis-je dans un ton que je voulais reconnaissant.
J'accompagnai mes remerciements d'une accolade affectueuse, pour les rassurer et me rassurer. J'entendis ma mère me chuchoter à l'oreille : « Je suis très heureuse pour toi Astrid. »
L'excitation prenait peu à peu le dessus sur moi. J'allais devenir la femme d'Harold. Harold et moi, ensemble. Pour la vie. Quand on a dû se quitter toute à l'heure, je n'avais qu'une seule pensée : rester. Rester avec lui, avec les dragons, dans la nature. Libres et blottis l'un contre l'autre. J'aurai aimé que le temps s'arrête à ce moment-là. Mais j'allais bientôt rejoindre Harold.
xXx
Seul dans ma propre maison, je m'ennuyais un peu. J'avais laissé Krokmou avec les autres dragons qu'on avait mis à l'écart en ce jour très spécial. Je ne pus m'empêcher de penser à ce qu'aurait été cette journée si mon père était encore là aujourd'hui. M'aurait-il rassuré ? Même s'il m'avait angoissé encore plus que je ne l'étais déjà, j'aurais voulu qu'il soit présent. J'entendis la porte grincer, Rustik et Varek en sortirent.
– Ça va comme tu veux ? demanda Rustik en souriant.
– Ça peut aller…
– Tu as ressorti l'épée de ton père ? me dit Varek en m'interrogeant du regard.
– Non. Pas encore, j'allais la chercher justement…
– Tu sais que tu en auras besoin pour la cérémonie, tout à l'heure.
– Oui Varek, je suis au courant !
– T'as l'air contrarié, je me trompe ? questionna Rustik.
Il avait deviné mon trouble, ce qui, je l'avoue, m'étonnait un peu de la part de Rustik. Mais je n'allais pas m'apitoyer sur mon sort. J'étais tout de même un viking, et même si la perspective de ne pas voir mon père à mon mariage me faisait de la peine, je me devais de garder la tête haute.
– Mon père me manque, c'est tout. me contentais-je de répondre.
Je les quittai et me dirigeai vers la chambre qui jadis, avait été occupée par mon père. C'est comme s'il était encore là. Même si c'était ma mère qui dormait là à présent, on aurait bien dit qu'un couple occupait encore la chambre. J'avais laissé ses affaires telles quelles en y ajoutant quelques uns de ses effets personnels, comme son épée. Je la retirai délicatement de son socle et la tendis devant moi avec mes deux mains. Elle était lourde. Je la contemplai, elle était magnifique, forgée dans un fer pur et très robuste. Une larme coula sur ma joue, Papa. Je l'essuyai du revers de mon bras et rejoignis Varek et Rustik près du foyer.
– Je suis prêt.
xXx
L'endroit choisi pour la cérémonie était magnifique, c'était en pleine air et la forêt entourait ce petit coin de nature. J'étais aux bras de mon père en attendant l'arrivée d'Harold qui, je trouve, était un peu trop long à mon goût. Je laissai s'échapper des soupirs de temps à autre, j'étais impatiente.
Et il arriva enfin, vêtu de la fourrure que Stoïk portait, en tant que Chef. Il était très beau. Cet homme grand et fort que j'allais épouser, mon Harold. Il me sourit et je lui souris également. Mon père m'offrit son épée et je m'inclinai pour la recevoir. Puis je me relevai et Harold me prit la main. Nous avancions donc main dans la main, dans l'allée créée par les villageois qui nous aspergeaient de brindilles de sapin pour que les dieux nous protègent. Une fois arrivés près de Gothi qui se tenait devant toute l'assemblée, nous nous inclinâmes devant elle pour recevoir la bénédiction des dieux. Elle dessina sur nos fronts le symbole du marteau de Thor. Puis nous nous tournâmes l'un en face de l'autre, lui et moi. Nous brandîmes en même temps nos épées respectives et nous procédions à l'échange de celles-ci. Je saisis l'épée qu'Harold venait de me céder, celle de Stoïk.
xXx
Astrid était sublime, je ne l'avais jamais vu en robe auparavant, ni les cheveux détachés d'ailleurs. Et ça lui allait très bien. Le blanc de sa tunique mettait ses beaux yeux bleus en valeur. Elle était parfaite. Ma future femme était parfaite. Nous sortîmes nos anneaux simultanément et les posèrent sur nos nouvelles épées. Je lui passai l'anneau à son annulaire gauche, les mains tremblantes. J'avais beau me répéter que ce n'était qu'Astrid, que tout allait bien, j'étais nerveux. C'est elle qui me passa ensuite l'anneau, elle rougit. Je lui souris pour la rassurer et elle me sourit à son tour. Enfin, nous entrelacions nos doigts, les mains jointes, au-dessus de nos épées.
– Astrid, je jure de t'aimer et de te protéger quoiqu'il advienne de nous.
– Harold, même si je n'ai pas de besoin d'être protégée… proclama-t-elle, je jure de t'aimer et de t'assister du mieux que je peux dans ta fonction de chef.
– Je t'aime. Souris-je
– Je t'aime aussi Harold.
Elle sauta dans mes bras et nous nous embrassâmes, longuement, passionnément, divinement.
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Ce baiser était encore plus fort que nos mots, il traduisait parfaitement les sentiments que nous éprouvions l'un pour l'autre. Ça y est, nous étions mariés.
Une tradition perdurait sur Berk depuis de très longues décennies, elle consistait en une sorte de course contre la montre pour désigner les plus forts. J'avais mon équipe composée des jumeaux et moi-même, et Harold la sienne avec Varek et Rustik. L'équipe perdante devrait servir à boire aux autres toute la nuit durant. Mais cette année, la course allait être différente car cette fois, nous avions nos dragons. J'appelais Tempête en imitant le cri bien distinct des dragons vipères, tous les autres firent de même avec leur dragon.
– Les premiers arrivés au Grand Hall ! m'exclamais-je.
Harold m'adressa un sourire en coin avant de se positionner sur Krokmou et décoller. Je partis à toute vitesse.
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Astrid volait très vite mais je ne mis pas longtemps à la rattraper. Elle fronça les sourcils et se mit tout à coup à tirer sur sa robe. Elle l'hotta complètement et, à ma grande surprise, elle était vêtue d'un haut et d'un pantalon en-dessous. Je reconnaissais bien là la femme que je venais à peine d'épouser, étonnante, à son habitude. Je me fis bientôt devancé, à croire qu'elle l'avait fait exprès. Rustik et Varek devraient assurer le service ce soir…
Je descendis de Krokmou et lui caressai affectueusement la tête avant de me précipiter vers la porte du Grand Hall, d'où se tenait Astrid. Il était de coutume que le mari accompagne sa femme à l'intérieur de la pièce. Je lui pris la main et m'inclinai :
– Si madame veut bien se donner la peine d'entrer… dis-je d'un ton très soutenu.
Elle m'adressa un coup sur la tête en me soufflant « idiot » dans les oreilles mais se laissa faire et avança. Lorsque nous pénétrâmes dans le Grand Hall, tout le monde applaudissait et criait nos noms, des acclamations à la viking quoi. Nous fûmes bientôt devant toute l'assemblée et ma mère arriva rapidement vers nous, la fameuse coupe d'hydromel entre les mains, pour nous le faire boire. Elle la brandit fièrement au-dessus de nous et nous nous inclinâmes une nouvelle fois. Elle nous transmit le récipient et nous le bûmes tour à tour. Ceci étant fait, le banquet pouvait commencer.
Finalement, la fête fut plutôt très agréable. Des luttes avaient été organisées et Rustik et Varek y participaient pour impressionner Kognedur qui, pourtant, était toujours sur Eret… Mais moi et Astrid dansions. Nous dansions à en perdre la tête à force de tourner sans cesse mais nous adorions ça, l'ambiance était vraiment super. La musique aussi sauf quand Gueulfor chantait, ça c'était pas top, mais il nous faisait bien rire. Il dansait avec ma mère. Elle était heureuse pour moi, comblée, même si mon père lui manquait terriblement. Nous continuions de danser, bien que ma fausse jambe fasse quelque fois des siennes et que je manquais de trébucher à chaque pas, nous continuions. Jusqu'à ce que Gueulfor m'interpelle d'un clin d'œil, je le rejoignis.
– Ah ! Gueulfor ! Alors, ça va ? Tu t'amuses bien ? dis-je un peu nerveusement, redoutant sa réponse.
– Bien, bien, dit-il ironiquement. Mais enfin Harold ! Qu'est-ce que tu attends ?! clama-t-il.
– Je vois pas du tout de quoi tu parles…
– Oh si, tu vois très bien de quoi je parle mais tu n'oses pas agir, comme d'habitude ! Allez sortez d'ici tous les deux ! Vos dragons vous attendent dehors. répondit-il le regard tourné vers Astrid.
Il soupira.
– Merci, lui dis-je dans un sourire.
Je me dirigeai vers Astrid, courant presque, je l'agrippai par la taille et l'embrassai furtivement. J'adressai un regard entendu à Gueulfor et à ma mère, puis nous sortîmes. Krokmou et Tempête étaient effectivement là, à nous attendre, prêts à partir.
– Mais où tu m'emmènes ? me demanda Astrid.
Je souris.
– Tu verras !
Nous décollâmes. Nous étions en début de soirée et la nuit n'était pas encore tombée. C'était la fin de l'été et il faisait beau et chaud, contrairement à d'habitude. Nous arrivâmes à ce fameux endroit. C'était un coin reculé de Beurk, méconnu de tous, sauf de moi et Astrid. Je l'avais découvert par hasard avec Krokmou. Une fois Astrid m'avait suivi et m'avait trouvé là. Depuis c'était devenu une sorte de lieu secret où nous nous réfugions quand nous voulions être seuls. C'était notre endroit. Elle sourit en descendant de sa dragonne, elle était heureuse. Elle vint se blottir contre moi.
– Tu n'aurais pas pu choisir meilleur endroit…
Nous nous regardâmes, les yeux dans les yeux, à scruter la moindre parcelle de nos traits et ses lèvres vinrent bientôt se mêler aux miennes ainsi que nos langues. Nous échangeâmes un baiser langoureux. Je tenais Astrid par la taille et elle s'accrochait à ma nuque. Je sentis bientôt le désir monter en moi comme il montait en elle. Cependant, nous nous détachâmes momentanément l'un de l'autre et nous nous assîmes au bord de la falaise qui donnait pleine vue sur l'océan sans fin. L'astre du jour serait bientôt englouti sous cette immensité. Je pris la main d'Astrid et nous entremêlâmes nos doigts devant ce merveilleux coucher de soleil. Elle posa sa tête sur mon épaule.
– J'aimerai que cette journée dure toujours…
– Moi aussi Astrid, moi aussi…
Je l'embrassai sur le front.
Dernière édition par Rafxsulfuslovestory le Mar 24 Mar 2015 - 0:17, édité 2 fois